Le marché des semi-conducteurs est particulièrement volatil. Ces dernières décennies ont été marquées par une alternance de périodes de pénuries et d'excédents et par des transitions plutôt abruptes d'une période à l'autre. Gerald Haas, expert Supply Chain, s'exprime sur les leçons qui peuvent être tirées de la crise actuelle.

En quoi la crise actuelle est différente des crises précédentes ?

Gerald Haas – La crise actuelle tient à de nombreux facteurs concomitants, et ces différents facteurs ont des effets cumulatifs voire exponentiels. Il n'y a jamais eu de pénurie de cette ampleur auparavant, mais cette crise des composants n'est pas la première car ce marché très volatil.

Qu'est-ce que cela signifie concrètement ?

G. Haas – Il y a toujours une alternance d'excès et de déficit d'offre. À un moment donné, des producteurs de semi-conducteurs font faillite en raison de la chute des prix qu'engendre une offre excédentaire, puis, soudainement, la demande dépasse l'offre et entraîne une hausse rapide des prix. C'est précisément pour cette raison que le nombre de fabricants de semi-conducteurs a très fortement baissé ces dernières années.

Quelles leçons pouvons-nous tirer des crises passées ?

G. Haas – Il est intéressant de voir comment ces crises se sont terminées. Étonnamment, leur fin a toujours été soudaine. En principe, une crise est considérée comme terminée dès que les capacités de production ont atteint le niveau de la demande. En fait, dans le passé, les crises se sont terminées avant que ce point d'équilibre soit atteint. En période de pénuries, certains acteurs sur le marché amassent du matériel intentionnellement et à des fins parfois spéculatives. De plus, par mesure de précaution, les sociétés ont tendance à commander plus que nécessaire.

Quelles sont les conséquences de tout cela ?

G. Haas – Tôt ou tard, les dominos tombent les uns après les autres. Des spéculateurs anticipent la fin de la pénurie et commencent à se délester du matériel qu'ils ont accumulé. Les prix chutent, et d'autres spéculateurs commencent à vider leurs stocks pour éviter des pertes. Puis, des sociétés s'aperçoivent qu'elles n'ont plus besoin de constituer des stocks excédentaires. Dès lors, l'offre dépasse la demande. Je suis convaincu que ce scénario se répètera avec la crise actuelle.

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